Dr Mourad GOUMIRI.
Quels enseignements tirés de la décision américaine de retirer l’exercice militaire international Africom Lion, du Maroc ? Sa confirmation vient de la bouche du général S. J. Townsend, commandant de l’Africom, qui s’est rendu en visite officielle, en Algérie, il n’y a pas si longtemps. S’agit-il d’une décision purement militaire ou politico diplomatique ? La vérité se trouve certainement entre les deux ! En effet, au niveau purement militaire, cet exercice qui se déroule, entièrement sur la façade atlantique, se trouve être excentré par rapport à la mission de l’Africom, qui vise, essentiellement, le terrorisme dans la région du Sahel et de sa profondeur stratégique. Il se situe non loin des frontières du Maroc et du Sahara occidental, ce qui entraîne des interprétations ambiguës et exclut, de cet exercice, de jure et de facto, les forces armées algériennes, pièce maîtresse et centrale dans la région, réduisant à zéro opérationnalité et la complémentarité, des forces armées engagées, attendue de ce genre d’exercice.
Les stratèges du Pentagone, en mettant en application cette décision, ont certainement consulté le département d’État, pour la finaliser. Or, c’est la loi sur la défense, pour l’année 2022, adoptée par le Congrès qui exige une « diversification des exercices militaires ». Ces mêmes stratèges ont toujours déclaré que l’Algérie « était un état pivot » dans la région et souligné la qualité des relations avec les USA, dans la lutte contre les narco terroristes qui pullulent dans la région. A quoi donc servirait cet exercice sans l’Algérie ? D’un autre côté, le fait que le puissant sénateur de l’Oklahoma, James Inhote, déclare « avoir poussé à chercher d’autres lieux pour l’exercice militaire annuel African Lion, se déroulant au Maroc et qu’il a obtenu l’accord de Lloyd Austin, secrétaire à la défense », change toute la donne ! Mais c’est la justification de sa décision qui est fondamentale, puisqu’il déclare que « pendant des décennies le peuple sahraoui a été soumis à des promesses non tenues et à des attaques vicieuses de la part du gouvernement marocain… qui n’a montré aucune volonté de résoudre la question ».
La mise à la retraite du général S. J. Townsend et son remplacement par des officiers, qui partagent l’évaluation du Sénateur sur ce dossier, va changer profondément la donne, à court et moyen terme. Notre pays devra donc prendre acte de ces derniers développements et agir pour défendre son point de vue constant, depuis quarante ans, dans ce dossier, à savoir, l’organisation d’un référendum d’autodétermination, sous l’égide de l’ONU.
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