Dr Mourad GOUMIRI.
Il est clair pour tout le monde, que les subventions sont une source d’énormes gaspillages, lorsqu’elles sont étendues à tous, sans exception ou quelles n’atteignent pas les populations ciblées ! C’est une règle universelle qui a été démontrée dans plusieurs pays et dans plusieurs systèmes socioéconomiques. C’est ce qui se passe dans notre pays où deux phénomènes au moins sévissent depuis plusieurs années. En effet, tous les produits subventionnés et notamment agroalimentaires font l’objet d’un immense gaspillage, alors qu’ils sont importés au prix fort (il est question d’une facture de 10 à 12 Milliards d’US$ par an) et qu’ils alourdissent sensiblement notre balance des paiements. Le cas le plus emblématique, c’est celui du pain, cédé à 10 DA la baguette et que l’on retrouve en grande quantité dans les ordures ménagères, tous les jours ! Mais le problème est encore plus pernicieux, puisque tous les produits subventionnés font l’objet d’un trafic aux frontières terrestres et même à celles maritimes, compte tenu du différentiel entre le prix en Algérie et celui des pays frontaliers. Les médias nous apprennent tous les jours, que des quantités de plus en plus importantes, de produits subventionnés, sont interceptés par les services de sécurité, tous services confondus, en partance vers ces pays. La liste est longue et significative, puisqu’on retrouve les céréales (semoules, farines, pâtes alimentaires, couscous…), des huiles de toutes catégories, des sucres, des carburants (essences et gas-oil) et des lubrifiants, du cheptel… bref tous les produits subventionnés directement ou indirectement ! Ce trafic s’étend même, actuellement, vers la France pour certains produits comme les tabacs et les produits agroalimentaires. L’économiste que je suis, ne verra qu’une solution efficace, qui consiste à augmenter, même progressivement, les prix afin de rendre ce trafic non-attractif. Mais le politique, que je ne suis pas, va immédiatement évoquer la possible rupture de la paix sociale si ces mesures économiques sont prises, même en compensant l’effet inflationniste induit par des transferts directs aux populations ciblées ! Le risque politique étant trop grand, on continuera de constater les gaspillages et les trafics car ils vont s’intensifier, à n’en pas douter.
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