Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), le spectacle a été mis en scène, dans une conception composée, par Chawki Bouzid, sur un texte adapté par le poète et romancier Abderrezak Boukebba, du roman « Leyliyet Ramada » de l’universitaire, écrivain et critique littéraire, Waciny Laredj.
L’astreinte au confinement causée par la pandémie de la Covid 19 étant toujours de rigueur, cinq personnages d’une même famille, représentant un microcosme social, gravitent autour de « Ramada », personnage principal controversé, campé par Asma Cheikh, placé au centre de toutes les tourmentes, là où tous les siens vont se croiser.
L’oisiveté imposée par les impératifs conjoncturels liés à la nécessité sanitaire de s’isoler, va révéler, durant une heure de temps, l’égo de chacun et faire remonter à la surface, de vieilles questions restées en suspens avec toutes les contrariétés qu’elles avaient alors engendrées.
Ainsi et s’étant toujours sentie victime du conservatisme et de l’intolérance de son père et son grand père (rendus par Aymen Bensalah), Ramada (cendre) va tenter de rétablir ses droits, notamment celui de pouvoir enfin disposer de sa vie.
Mariée malgré elle par son père à Karim, (Mohamed El Khalil Djebbari), Ramada, dont le cœur est habité par Shadi (Bellal Belmadani), lui-même convoité par Micha (Fissa Mounira Rouibhi), ne sait pas, en fait, qu’elle a servi de contrepartie à un deal conclu entre son père et Karim, pour que ce dernier accepte de lui offrir sa sœur (personnage suggéré) en mariage.
Sur le terrain de la réflexion, les langues se délient et les conflits éclatent, passant en revue, dans des tons coléreux, différents concepts philosophiques tels, l’amour, la passion, le patronyme, la tolérance et la liberté, sous le regard du personnage de l’auteur, rendu par Wael Bouzida, qui modérait les interventions et veillait à ce que rien ne lui échappe.
A l’intérieur d’une zone de conflits délimitée par une bordure au milieu de la scène, le grand père révélant le contrat immoral conclu entre son fils et Karim, se fait tuer par ce dernier, qui à son tour, se fait poignarder par sa femme Ramada, consternée par ce qu’elle venait d’entendre.
Dans des atmosphères moroses créées par un éclairage assombrissant, les comédiens ont évolué avec des costumes et des ensembles à dominance noirâtre, dans une scénographie hautement symbolique, signée, Riad Segueni qui a suggéré notamment le marasme social engendré par les mesures de confinement.
Fait de miroirs et d’escaliers de part et d’autre et au fond de la scène, le décor invite, en substance, à la nécessité d’assumer ses erreurs et la capacité de les affronter.
Illustrant judicieusement les moments forts de la trame, menée en Arabe littéraire, la bande son, œuvre de Fayçal Senouci, a bien soutenu le jeu des comédiens qui ont bien porté la densité du texte.
Evoluant sur l’ensemble de l’espace scénique dans des échanges intenses, menés en vociférant, les comédiens auront ainsi usé du registre du théâtre de la cruauté pour garder le public en haleine jusqu’à la fin du spectacle.
En présence de Waciny Laredj qui a-il-déclaré, « bien apprécié le travail d’adaptation et celui de la mise en scène », le spectacle « Ramada 19 », produit par le TNA, a été très applaudi par l’assistance. Il est reconduit mercredi et jeudi.
L-I
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