Les événements de Ceuta « révèlent une réalité économique et sociale, où une grande partie de la population marocaine vit dans une précarité chronique, les conduisant à exercer souvent des micro-activités informelles », a précisé vendredi Transparency Maroc dans un communiqué.
Dans le document, Transparency attire l’attention de l’opinion publique et des pouvoirs publics au Maroc sur « les véritables causes de cette situation inhérente aux politiques publiques suivies depuis l’indépendance et qui sont à l’origine de disparités territoriales enregistrant des retards de développement de certaines régions au Maroc, dont celle du nord ».
D’après l’organisation, l’évolution de la situation économique dans la région, « s’est caractérisée par un accroissement des inégalités sociales et donc de la précarité de la majorité de la population, accentuée par une corruption systémique et aggravée par la pandémie de la Covid-19 et la fermeture sans alternative du commerce avec Ceuta ».
Face à cette réalité, Transparency Maroc interpelle à nouveau les pouvoirs publics et souligne l’urgence de revoir les politiques publiques menées aux niveaux national et territorial, en donnant une priorité à « l’amélioration des services publics et en encourageant les activités créatrices d’emplois et de revenus, tout en mettant en place des mécanismes de contrôle et de reddition des comptes, en vue de contribuer à l’émergence effective d’un environnement transparent favorable au développement économique et social ».
Au-delà des conditions précaires dans lesquelles évoluent les populations marocaines, la crise de Ceuta prend ses racines dans le désaccord politique entre l’Espagne et le Maroc en lien avec le conflit au Sahara occidental.
Le Maroc est accusé, en effet, par de nombreuses ONG, personnalités internationales, mais aussi par les Espagnols d’utiliser la question migratoire pour faire pression sur l’Espagne pour qu’elle prenne son parti dans le conflit au Sahara occidental.
Les autorités de Ceuta ont accusé le Maroc d’avoir manipulé les mineurs pour les encourager à franchir la frontière afin d’exercer une pression sur Madrid dans le contexte de la crise diplomatique entre les deux pays en raison de la présence sur le territoire espagnol du président sahraoui, Brahim Ghali, pour des soins.
Depuis le 17 mai, des milliers de candidats à l’émigration (12 000), dont de nombreux jeunes, ont afflué illégalement dans l’enclave espagnole les garde-frontières marocains les ayant laissé passer. La plupart ont été refoulés mais plus de 1000 mineurs marocains sont restés à Ceuta, dont beaucoup errent dans les rues. Les autorités de Ceuta s’activent pour tenter de retrouver leurs parents afin d’assurer leur retour, une tâche ardue.
Selon Madrid, parmi les migrants, 1.500 étaient des mineurs, tandis que l’association humanitaire Amnesty International a cité le chiffre de 2.000.
aps