Le Président de la république A. Tebboune a confirmé sa visite d’état à Moscou pour le mois de mai 2023, après une conversation téléphonique avec le Président V. Poutine. Des trois rencontres à l’étranger prévues en 2023 (France, Chine et Russie), cette rencontre, prévue de longue date, est scellée, dans conjoncture internationale de guerre entre les USA et la Russie par l’Ukraine interposée. Elle revêt une importance capitale, à la fois géopolitique, sécuritaire, politique, économique et financière et toutes les chancelleries du monde vont la scruter avec une attention particulière. En effet, notre pays doit développer son discours de politique extérieure qui consiste à demander plus de multilatéralité dans la gestion des relations internationales et de permettre à l’Afrique d’être représentée au Conseil de sécurité de l’ONU, avec droit de véto.
Il n’est pas évident, que les cinq membres actuels (USA, France, Royaume-Uni, Russie et Chine), partagent ce point de vue, même si l’Algérie y compte des pays amis (Chine et Russie). Mettre fin à l’hégémonisme unilatéral des USA signifie clairement une remise en cause de leur leadership mondial, issu de la deuxième guerre mondiale (Yalta) et la renaissance du mouvement des pays non-alignés, prônée par l’Algérie, va dans ce sens. Qui peut croire que ces derniers vont accepter ce deal, qui va rééquilibrer, en leur défaveur, l’ordre mondial et leurs intérêts vitaux ? Au niveau sécuritaire, si tous les pays applaudissent à la politique de lutte contre le terrorisme, la définition du concept lui-même prête à confusion, comme dans le dossier de la colonisation de la Palestine et de la lutte de ce peuple à recouvrer ses droits légitimes.
Au niveau économique et financier, la création et la consolidation du BRICS est une tentative de remettre en cause le consensus de Washington, construit autour des institutions internationales (le FMI la BIRD et le GATT, aujourd’hui OMC) créées en 1944, lors de la signature des accords de Bretton-Woods et surtout la consécration du Dollar américain comme monnaie internationale de transactions et de réserve. Remettre en cause la dollarisation de l’économie mondiale et l’intervention de ses institutions financières et commerciales dans la régulation de l’économie mondiale, c’est encore une fois, s’attaquer frontalement aux intérêts américains et à ce que certains appellent « l’impérialisme monétaire ». Dans tous ces cas de figure, il est évident que les USA vont sonner la charge pour défendre leurs acquis et faire en sorte de perdre le moins possible de soft-power.
Le Président A. Tebboune devra user d’équilibrisme pour ne pas paraître prendre fait et cause à l’une des deux parties, dans le conflit ukrainien et consolider ses alliances naturelles et historiques avec la Russie, pays avec lequel notre pays a tissé des relations historiques privilégiées. Ce rendez-vous revêt, dès lors, un moment historiquement fort et déterminera le futur de nos relations internationales et à ce niveau l’erreur n’est pas permise.
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