Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 21 novembre 2024, l’avocate Fatima Benbraham a dévoilé de nouveaux éléments dans l’affaire opposant l’écrivain Kamel Daoud à Saâda Arbane, une survivante de la décennie noire. Elle accuse l’écrivain d’avoir utilisé son histoire personnelle sans autorisation pour écrire son roman « Houris », récemment couronné par le Prix Goncourt 2024.
Fatima Benbraham a affirmé que son objectif est de « lever toute ambiguïté sur cette affaire grave », accusant Kamel Daoud d’avoir « bâti son succès littéraire sur la douleur et l’histoire de sa cliente ». Lors de la conférence, elle a également dénoncé un comportement qu’elle considère comme contraire aux principes éthiques et littéraires, reprochant à l’auteur d’avoir « trahi les valeurs du peuple algérien ».
Benbraham a révélé que deux plaintes ont été déposées contre Kamel Daoud et son épouse, Aïcha Dehdouh, psychiatre de Arbane. La première, déposée au nom de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme, concerne la « diffamation des victimes ». La seconde, au nom de Saâda Arbane, porte sur la « violation du secret médical ». Ces plaintes, déposées dès août 2024, sont actuellement examinées par le tribunal d’Oran.
L’avocate a présenté des preuves, notamment des documents médicaux signés par la psychiatre A.Dehdouh et des descriptions tirées du roman, qu’elle considère comme des copies directes de la vie de Arbane, y compris son tatouage distinctif et des détails intimes confiés en thérapie.
Dans le roman « Houris », Kamel Daoud raconte l’histoire fictive d’une femme ayant perdu la parole après un massacre. Cependant, Saâda Arbane affirme que « ce récit est calqué sur sa propre expérience : elle a survécu à une tentative d’égorgement durant la guerre civile algérienne et a reconnu des détails de sa vie personnelle, notamment ses cicatrices et ses relations familiales ».
Selon Arbane, Kamel Daoud « avait déjà sollicité son accord pour utiliser son histoire dans un roman », une proposition qu’elle « avait catégoriquement refusée ».
Face à ces accusations, Antoine Gallimard, directeur des éditions Gallimard, a réagi fermement lundi 18 novembre. Il a dénoncé ce qu’il qualifie de « campagnes diffamatoires » visant Kamel Daoud depuis la publication de son roman Houris, lauréat du Prix Goncourt 2024.
Dans un communiqué, Gallimard a rappelé que, bien que Houris s’inspire de faits tragiques survenus durant la guerre civile en Algérie, ses personnages et son intrigue restent « purement fictionnels ». L’éditeur a également évoqué les pressions exercées sur la maison Gallimard en Algérie, notamment l’interdiction de participer au Salon international du livre d’Alger et l’impossibilité d’éditer le livre localement, en raison d’une loi interdisant toute œuvre traitant de cette période.
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