Le parcours des deux « diplomates français à la retraite », Bernard Bajolet à Xavier Driencourt, est assez similaire, puisque sortis de la « boite noire française », après avoir franchi tous les postes intermédiaires de la profession. Ceci nous indique comment les Présidents français choisissent leurs ambassadeurs pour occuper le poste névralgique d’Alger.
Ce choix répond bien sûr à des raisons de carrière diplomatique, mais pas seulement, puisque pour ce poste en particulier, la France a affecté, durant les vingt dernières années, non seulement des diplomates de haut rang, mais également des hommes (toujours) doués de capacité d’intriguant ! Certes, pour la diplomatie et le renseignement, la frontière est toujours grise, mais il n’est pas inutile de constater que pour le poste d’Alger, elle est étroite.
En effet, B. Bajolet (ambassadeur de France en Algérie de 2006 à 2008) après avoir parcouru le monde dans différents postes de la diplomatie française, du bas vers le haut, il est nommé en juillet 2008 au poste, nouvellement créé, de « coordonnateur national du renseignement » par le président N. Sarkozy.
Ce passage très remarqué va lui valoir d’être parachuté au poste prestigieux de Directeur de la DGSE (renseignement extérieur) en avril 2013, par le Président F. Hollande. Le fait est qu’il a écrit dans son livre testament, que « je n’ai jamais vu un pays aussi corrompu que l’Algérie », oubliant sciemment que la corruption est obligatoirement bicéphale, à savoir qu’il y a un corrompu et un corrupteur et certaines fois un intermédiaire, ce qui semble lui échapper ! Cela signifie donc que s’il y a des corrompus en Algérie et il y en a, il y a des corrupteurs en France dont il ne parle pas, bien entendu. Entre temps, il est actuellement « mis en examen pour complicité de tentative d’extorsion » par le parquet financier en France… No comment !
Pour X. Driencourt, il a été par deux fois en poste à Alger, entre octobre 2008 et 2012 puis entre avril 2017 et 2020. Autant dire qu’il a traversé en direct la période de la fratrie des Bouteflika. Les diverses sorties médiatiques de X. Driencourt, sur différents plateaux et journaux, confirment ce que nous savons de longue date, à savoir la mission nouvelle attribuée à ce jeune retraité en « mission commandée ».
On aurait tort de penser qu’il s’agit d’une opinion personnelle ou d’une haine viscérale pour notre pays ! Encore une fois, la phrase contenue dans son livre (L’énigme algérienne), prend tout son sens, lorsqu’il écrit que, « les relations avec l’Algérie sont, à la fois, un problème de politique extérieure et intérieure de la France ».
Peut-on être plus explicite que cela ? Il a été le fondateur de la « diplomatie du visa » (Lire notre édito dans ce sens) qui a fait que la France ait décidé unilatéralement de diminuer de 50 % les visas délivrés aux algériens sous prétexte que notre pays « rechigne » à accepter le rapatriement de nos ressortissants, lorsqu’ils ont été condamnés pour divers délits.
Dans sa dernière livraison, il récidive et va encore plus loin, en affirmant que le problème de politique intérieure de la France en Algérie, c’est la démocratisation du régime algérien qu’il qualifie de politico-militaire, « pays qui risque de s’effondrer et d’entraîner la France avec lui ». Dès lors et implicitement, il en déduit que la France doit garder un droit de regard sur la politique intérieure de l’Algérie et doit l’obliger à entrer dans un « processus de démocratisation » qu’il situe dans le mouvement du Hirak. Il ajoute que « le pouvoir algérien ne comprenant que le rapport de force ».
Cependant, sa dernière intervention, le démasque un peu plus, lorsqu’il dénonce la rupture des « équilibres maghrébins » du Président Macron, qu’il accuse de préférer l’Algérie au détriment du… Maroc ! Il propose donc au Président Macron de rééquilibrer les relations de la France au Maghreb au profit du Maroc « pays ami de longue date » alors que « l’Algérie est franchement un pays hostile aux intérêts français bilatéraux et également multilatéraux », comme en témoigne la visite à Moscou du Président A. Tebboune, alors qu’on l’attendait à Paris.
En 2023, X. Driencourt postule pour devenir membre du comité stratégique du média d’extrême-droit « Livre noir » et en 2024, il se retrouve conseiller diplomatique du Rassemblement national. Il aspire silencieusement au poste de ministre des Affaires étrangères de Marine Le Pen si elle remporte la présidentielle de 2027.
Entre temps, l’Algérie se rappelle à son bon souvenir en lui rappelant qu’il a vendu un bien immobilier français sous-évalué, à un dignitaire du pouvoir algérien de l’époque (Rédha Kouninef) appelé la villa El Zeboudj en plein quartier résidentiel algérois. Cette transaction douteuse a porté un lourd préjudice au fisc français et algérien, à la fois, et pose des questions sur la destination de la différence entre le prix réel et celui notarié ? Il faut espérer que cet ancien ambassadeur ne subisse pas le même sort que son prédécesseur J. Bajolet.
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