C’est ce que semble avoir négocié cet ancien diplomate et ambassadeur de France en Algérie par deux fois. Il s’agit du poste de ministre des affaires étrangères du Rassemblement national, en cas de victoire de ce parti aux prochaines législatives de juillet 2024. Dans un journal de droite (le figaro) qu’il privilégie, il va décliner sa « politique étrangère » en cas de victoire de l’extrême-droite et notamment sa politique vis-à-vis de notre pays.
Ses positions antérieures.
Lors de sa dernière sortie de X. Driencourt confirme ce que nous avons pressenti, dès la parution de son premier ouvrage intitulé « l’énigme algérienne », à savoir la mission nouvelle que lui a confiée « la boîte noire ». Les sorties médiatiques de ce « jeune retraité » en mission commandée, ne peuvent pas être fortuites, à l’évidence mais doivent être considérées comme une forme de communication déguisée, pour faire passer des messages aux opinions publiques des deux pays. On aurait tort de penser qu’il s’agisse d’une opinion personnelle ou d’une « haine viscérale » pour notre pays, ou du « complexe du colonisateur », comme certains analystes algériens le clament, d’une manière subjective ! L’analyse froide de ses propos nous indique les objectifs de sa mission et la phrase contenue dans son livre, prend tout son sens, lorsqu’il écrit que, « les relations avec l’Algérie sont, à la fois, un problème de politique extérieure et intérieure de la France ».
Peut-on être plus explicite que cela ? Ayant été le fondateur de la « diplomatie du visa » (Lire notre édito, dans ce sens, sur le journal électronique « reveildalgerie.dz »), qui a fait que la France ait décidé unilatéralement de diminuer de 50 % les visas délivrés aux algériens (même chose pour le Maroc) sous prétexte que notre pays « rechigne » à accepter le rapatriement de nos ressortissants, lorsqu’ils ont été condamnés pour divers délits, il avait donc la main sur le robinet des visas, à la hausse ou à la baisse, pour négocier, comme le font les maquignons, un jour de marché à bestiaux, il propose aux autorités françaises actuelles d’user et abuser, de cet instrument, pour infléchir la position algérienne et notamment pour la renégociation des accords historiques de 1968, avantageux, selon lui, aux ressortissants algériens par rapport aux autres pays du Maghreb.
La politique migratoire et l’effondrement.
Les statistiques françaises font pourtant état d’un nombre de visas délivrés qui est passé de 420.000 à 15.000, durant ces trois dernières années… mais il propose le concept nouveau de « l’émigration choisie », lors du dernier passage à Alger du ministre français de l’intérieur, suggérant par-là, que les postulants à l’émigration devaient être des diplômés (médecin, ingénieur, technicien supérieur, infirmière…) c’est-à-dire, uniquement nos élites ! Il affirme que le problème de politique intérieure de la France en Algérie, c’est la « démocratisation du régime algérien » qu’il qualifie de « politico-militaire » et que notre pays risquait de « s’effondrer entraînant la France avec lui ». Dès lors et implicitement, il en déduit que la France doit garder un droit de regard sur la politique intérieure de l’Algérie afin de l’obliger à entrer dans un processus de « démocratisation » qu’il situe dans le mouvement du Hirak. C’est d’une logique implacable, sauf à considérer que l’Algérie n’est plus, depuis 1962, trois départements français, ce qu’il feint d’oublier.
L’enjeu des binationaux et les thèses du RN.
Évaluant notre communauté nationale à quelque 7 millions d’algériens résidant en France, tous statuts confondus, il considère que la « diplomatie du visa » comme moyen de pression, doit être renforcée pour infléchir la position algérienne sur tous les dossiers bilatéraux et même ceux multilatéraux (rééquilibrage des relations avec le Maroc). En outre, sur les 7 millions d’Algériens, résidents en France, quelque 4 millions sont porteurs de la double nationalité et donc électeurs, ce qui représente le premier lobby en France ! Si on ajoute les immigrés légaux, les étudiants et stagiaires et la communauté des rapatriés, on peut affirmer, sans l’ombre d’un doute, que l’on ne peut pas enfermer tout cette communauté dans la « diplomatie des visas ». Les thèses du RN, développées durant la campagne des législatives, seront vite écartées lorsque ce parti sera au gouvernement et la « real politique » reprendra ses attributs.
L’avenir des relations algéro-françaises.
Ce que X. Driencourt n’a malheureusement pas compris, c’est que pour l’Algérie également, les relations algéro-françaises relèvent de la politique extérieure et intérieure de notre pays ! Le traitement de notre communauté en France ne peut pas laisser indifférent notre pays, tant les relations sont complexes, denses et indissociables. Deux solutions s’offrent à nous, ou nous créons des ponts féconds, entre nos deux pays à travers cette communauté et un avenir radieux nous attend ou nous en faisons un moyen de pression et de chantage, comme semble l’indiquer l’ex-ambassadeur et nous irons de crises en crises plus ou moins graves. Le choix est d’ordre stratégique et ne se nourrit pas des d’envolées lyriques dans les médias à sensation.
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