La République indépendante du Rif et la personnalité du leader charismatique Abdelkrim Khattabi ont été au centre d’une conférence animée, hier, par le professeur Hassan Aârab à l’Institut des études stratégiques globales (Inseg). La conférence coïncide avec le double anniversaire de la mort de Abdelkrim Khettabi le 6 février 1963 et la proclamation de la République du Rif un premier février 1923. Une République qui avait fini par être dissoute par la France et l’Espagne coloniales en 1926.
«La dimension maghrébine du combat de l’émir Abdelkrim Khattabi», tel a été le thème générique de cette conférence organisée par l’Inesg. Photos et documents à l’appui, le modérateur de la conférence estimera que «Khattabi a su réunir tous les attributs d’un État, à proprement dire, dont un territoire, un peuple, un gouvernement avec des ministères, des institutions, un drapeau, une monnaie (le Riffane) et même un hymne national,…», dira-t-il.
Ce dernier étalera la vision et la pensée de l’émir Khattabi et la portée de sa révolution à l’échelle continentale et celle arabe, et même en Occident et en Asie. Pour étayer ses dires, il fera appel à des exemples tirés de l’Histoire, notamment les témoignages de Mao Tsé-toung qui avait affirmé s’être inspiré de la pensée révolutionnaire de Khattabi. Il évoquera les déclarations des grands révolutionnaires du siècle dernier, dont Ché Guevara, Ho chi Minh, etc… au sujet de la pensée de Khattabi. À ce sujet, il abordera la portée de la vision de cet émir marocain, dont la vision maghrébine était un fait saillant dans sa pensée. «C’était un visionnaire. Sa révolution a précédé celle d’Atatürk et d’autres révolutions dans le Monde arabe», dira-t-il. Pour sa part, le professeur Hassan Aârab a confié que «Khattabi s’est battu pour le Rif… Il n’a jamais cessé de réclamer l’indépendance du Rif qu’il avait inscrit dans une trajectoire maghrébine et pour lequel il avait tracé une perspective moderniste».
Leader charismatique de la République du Rif, Khattabi avait prôné déjà à la fin de 1915, l’indépendance totale du Maghreb et avait même plaidé pour la résistance et une organisation maghrébine. Le conférencier mettra en exergue la relation étroite entretenue par l’émir Khattabi avec les leaders du Mouvement national algérien et les projets communs qui les animaient. Photos à l’appui, Aârab commentera les contacts permanents noués par Khattabi, à partir de son exil au Caire, avec feu Boudiaf, Ait Ahmed, Khider, Didouche, Ben Bella, Ben M’hidi et même Boumediene. Toutefois, l’un des éléments fondamentaux de l’histoire de la résistance anticoloniale dans la vision de l’émir Khattabi et les accrocs avec le régime du Makhzen,
«dont la doctrine reposait sur la traîtrise et la manigance», aura été l’élément fédérateur qu’a été l’Algérie dans le façonnement de cette résistance. Les intervenants, dont des académiciens et chercheurs en histoire, n’ont pas tari d’exemples quant à l’aide et l’apport précieux des leaders algériens, dont l’émir Abdelkader et ses enfants, en l’occurrence Ben Abdelmalek qui avait monté la révolte organisée de 1915.
«Abdelkrim continue à nous parler du royaume du Makhzen…. Lui qui avait interdit, à cette époque la culture du cannabis, principale rentrée subsidiaire du système économique du Makhzen… Khattabi avait exprimé son dédain du système makhzenien», dira Aârab en évoquant la nature idéologique et doctrinale de l’armée marocaine. «La pensée de Khattabi voulait rompre avec les pratiques et cette tradition du Makhzen qui s’était déjà fondée sur l’esclavagisme, le mercenariat et la traîtrise à cette époque-là», renchérit-t-il encore. Intervenant dans le débat général, le professeur Mustapha Saidj a expliqué que «Khattabi était porteur d’un projet de Maghreb unifié… Il avait réussi à combattre les Espagnols et à unifier les tribus et contribué à fonder un État, sociologiquement, établi… Contrairement aux adeptes du Makhzen dont l’État marocain, a été la création du général Lyautey. Il n’y a qu’à voir la statue qu’ils ont érigée en sa mémoire et le musée qu’ils lui ont dédié. Ils ne s’en cachent pas», dira-t-il. D’autres intervenants ont mis en relief «que le Maroc, constitue, aujourd’hui, un fardeau encombrant pour ses alliés traditionnels».
Source: L’Expression.
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