L’Algérie, future leader de l’hydrogène vert en Europe ?

Capitalisant sur ses vastes ressources énergétiques et sa position stratégique, l’Algérie entend s’imposer comme un partenaire incontournable du marché européen de l’hydrogène vert.

Misant sur ses infrastructures gazières existantes et son potentiel en énergies renouvelables, le pays ambitionne de devenir un fournisseur de premier plan dans un secteur en pleine mutation. Face à une demande européenne croissante en énergies propres, l’Algérie se prépare à jouer un rôle crucial dans la transition énergétique.

Dévoilée en mars 2023, la stratégie nationale de l’Algérie en matière d’hydrogène vise à produire 2 millions de tonnes d’hydrogène vert entre 2030 et 2040, soit environ 10 % de la demande européenne estimée. Ce programme pourrait générer des revenus estimés à 10 milliards de dollars par an d’ici 2040.

Malgré son potentiel considérable, le secteur de l’hydrogène en Algérie fait face à des défis, notamment les coûts de production et le développement des technologies nécessaires pour accroître l’efficacité de la production. Les experts estiment que le soutien à la recherche scientifique et l’investissement dans l’innovation pourraient réduire ces coûts et améliorer la compétitivité internationale du pays.

Avec l’Union européenne investissant des milliards de dollars dans le développement du marché de l’hydrogène, l’Algérie apparaît comme un partenaire naturel pour répondre à une partie de cette demande.

Selon Rabah Salami, directeur de l’hydrogène et des énergies alternatives à la Commission des énergies renouvelables, l’Algérie a le potentiel de devenir l’un des principaux fournisseurs d’hydrogène vert pour les marchés européens.

Chouaib Boutamine, conseiller en énergie, souligne que les technologies de capture et de stockage du carbone pourraient réduire l’empreinte carbone et renforcer les opportunités de l’Algérie sur le marché mondial de l’énergie.

En octobre 2024, Sonatrach, a signé un accord de partenariat avec la société espagnole Cepsa pour une étude de faisabilité visant à développer un projet intégré de production d’hydrogène vert en Algérie, destiné à alimenter le marché européen. Ce projet comprend la création d’une usine de production d’hydrogène via électrolyse, des stations d’énergie solaire et éolienne, ainsi qu’une usine de production de méthanol et d’ammoniac vert.

La même année, l’Algérie a lancé un nouveau projet en collaboration avec des entreprises américaines, dans le cadre duquel le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a signé un accord préliminaire avec sept entreprises américaines.

D’autre part, l’Algérie a conclu en février 2024 un accord avec l’Allemagne pour créer une équipe bilatérale dans le domaine de l’hydrogène et fournir des livraisons de carburant vert à l’Allemagne.

Selon le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, l’Allemagne cherche à étendre cette coopération avec l’Algérie en augmentant les investissements dans l’énergie solaire et éolienne pour soutenir la production d’hydrogène vert.

L’Allemagne et l’Union européenne sont prêtes à acheter de l’hydrogène vert algérien, en particulier dans des secteurs tels que la sidérurgie, qui nécessitent d’importantes quantités d’hydrogène.

L’Algérie ne se limite pas à l’exportation d’hydrogène vert, mais cherche également à développer son utilisation locale dans divers secteurs pour soutenir la transition vers une énergie propre et durable. Les institutions nationales travaillent à développer des solutions innovantes pour améliorer l’efficacité de la production et élargir les domaines d’utilisation de cette énergie.