Accompagné sur la grande scène de l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaih par une dizaine de musiciens virtuoses dont le maestro Samir Boukredera au violon alto, Abbas Righi a présenté, durant plus de deux heures de temps, un programme en quatre parties, faisant part avant de commencer, de son « immense bonheur de retrouver la scène et le public algérois ».
Parmi la vingtaine de pièces au programme, Abbas Righi a rendu entre autre, « A ya bellaredj », « Ach may’Berred nirani », « wahd logh’zala rit el youm », « Gattala », « El Boughi », « Sidi Rached », « Dhalma », « Sid Et’taleb », « Hamma ya Hamma » et « Ksentina ».
Cédant au déhanchement, le public, occupant les allées réservées aux déplacements des spectateurs, s’est délecté à travers des danses aux cadences envoûtantes provoquant des états de transe chez quelques spectateurs, lors de la partie « Aissaoua » notamment.
Dans un enchaînement judicieux des variations modales et rythmiques, les sonorités aiguës des violons et du nay (flûte arabe), la densité des notes émises par le Oud et la cadence rythmique maintenue par les « Nekkaret » (petite percussion à deux tambours), ont dessiné dans l’espace de la salle les traits de l’identité sonore du genre Malouf.
Avec une voix présente et étoffée, Abbas Righi, débordant d’énergie, a livré une prestation pleine, où il a généreusement mis en valeur le patrimoine musical de Constantine, devant un public « réceptif et accueillant », dans une ambiance de grands soirs.
Les spectateurs ont durant tout le long du concert, accompagné le chanteur avec des youyous nourris et des applaudissements répétés, dansant et battant la mesure avec les mains en reprenant les refrains dans la délectation et dans des atmosphères euphoriques,
Né en 1984, Abbas Righi s’est dès son jeune âge intéressé à la musique andalouse dans sa variante malouf qui constitue l’Ecole de Constantine, aux côtés de celles des genres, « Senâa » à Alger et « El Ghernati » à Tlemcen.
Après un passage à la « Zaouia Rahmania » et à l’association « El Aqiqia El Aissaouia » où il s’est imprégné du genre soufi, il opte pour le malouf qui deviendra vite son genre de prédilection.
En 2002, il intègre l’association des « Elèves de l’Institut du Malouf », dirigée alors par Cheikh Kaddour Darsouni qui verra vite en lui une « future grande voix » et l’initiera à la maitrise de la percussion, préalable nécessaire à l’acquisition d’une bonne musicalité.
Quelques années plus tard, il est chanteur et luthiste de son propre orchestre pour arriver au prix de plusieurs années de travail à participer à nombre de manifestations artistiques en Algérie et à l’étranger notamment, au Kazakhstan, Corée du Sud, Japon, Tunisie, Canada et au Qatar entre autre.
Abbas Righi compte sur le marché quatre albums, « Mejrouh » (2010), »Zadni hwak ghram » (2012), « Ama sebba lahbab » (2016), « Salah Bey », (2017) et une « synthèse » de quatre CD sur la chanson constantinoise « dans ses différents genres », selon l’artiste, présentée sous le titre de, « Couleurs de Constantine ».
Par ailleurs et en collaboration avec l’Opéra d’Alger, la Galerie d’Art « Couleurs et patrimoine », « pionnière dans l’intégration de l’artisanat dans l’univers des Arts plastiques », selon sa présentation, propose sur le hall d’entrée de l’Opéra d’Alger « un voyage à travers le savoir faire », une exposition de travaux artistiques et traditionnel animée par près d’une cinquantaine d’exposants.
S’étalant sur trois jours jusqu’au 10 juillet, les visiteurs peuvent ainsi apprécier entre autres travaux étalés dans plusieurs stands, « peinture acrylique » de la jeune artiste qui expose pour la première fois, Meriem Benamara, miniature sur bois, tenues traditionnelles, bijoux berbères, kaftans et djellabas, travaux de dinanderie et plusieurs articles de décoration olfactive.
aps