Le Conseil National Economique et Social et Environnemental (CNESE) vient de changer de main, après la décision du président de la république de nommer Madame Radia Kherfi à la tête de cette institution. Après Réda Tir, imposé par le Premier ministre A. Djerad qui se distingua par son incompétence à diriger une pareille institution dans sa complexité et sa diversité, ce fut le tour de la nomination de Sidi Mohamed Bouchenak Kheladi qui, visiblement, se demandait ce qu’il faisait dans cette galère.
Dans son dernier rapport annuel pour l’année 2020, relatif à la situation économique et sociale de notre pays, le Président du CNESE s’est livré à un exercice d’exposition de la situation dans divers secteurs sans apporter la moindre appréciation critique et encore moins de solutions opérationnelles, ce qui est dans ses attributions premières. Ce rapport insipide nous apprend entre autres, que les indicateurs économiques sont positifs, que l’inflation a atteint 7 %, que le Fonds de régulation des recettes a été réactivé, que plus de deux millions de touristes ont visité notre pays et que les demandeurs d’emploi sont de trois millions. Ce rapport empirique rétrospectif relève d’un bilan exhaustif qui se contente d’exposer la situation à un moment donné, ce qui le rend périmé dès sa parution mais surtout non opérationnel, ce qui a pour conséquence le peu d’intérêt qu’il a suscité. C’est peut-être l’explication de son départ !
Or, le CNESE a pour vocation, de par son statut, d’évaluer les politiques publiques comme le stipule le nom de la « Commission d’évaluation des politiques publiques » ! En outre, la Commission du développement économique et social interpelle les impacts de ces politiques sur le processus de croissance et sur les retombées sociales (emploi, salaires, pouvoir d’achat…). Ces deux commissions combinées, après auditions de tous les ministres sectoriels, établissent un rapport dans lequel elles font ressortir les points forts et les lacunes du dispositif mis en œuvre par le gouvernement. Enfin, le point crucial du rapport, sont les propositions et les recommandations pour améliorer voire booster le secteur objet du rapport. Cette approche avait fait, des rapports de l’ancien CNES, un document de référence, tant au niveau national qu’international, qui permettait au gouvernement de réajuster ses politiques publiques, ceci d’autant que ces rapports étaient adoptés par un vote de tous les conseillers, ce qui augmentait sa crédibilité interne et externe.
Le choix des pouvoirs publics de réduire le CNESE à un rôle de bureau d’études a été une catastrophe pour cette institution et pour les pouvoirs publics, depuis la présidence de M. S. Mentouri, qui voulait la hausser à celui d’un contre-pouvoir constructif, au sens noble du terme. Cette option aurait permis au Président de la république de disposer d’une situation économique et sociale réelle, par rapport à celle fournie par son exécutif et de propositions et de recommandations opérationnelles, lui donnant la capacité de rectifier voire de changer, ses politiques publiques afin de gérer, au plus près, le développement économique et social du pays. Il faut espérer que la nouvelle Présidente sera instruite pour rétablir le CNSES dans ses prérogatives de contre-pouvoir constructif afin de servir d’instrument de régulation des politiques publiques.
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