Dr Mourad GOUMIRI.
Le rideau est tombé sur le deuxième tour des élections présidentielles françaises 2022, dont j’avais anticipé les résultats, le 16 Avril 2022, sur ce quotidien et prévoyaient, avec justesse, la victoire d’E. Macron ! Le point crucial n’était pas d’anticiper sa victoire mais le score probable de cette dernière pour laquelle j’avais proposé trois points d’écart (57% – 43%) entre les deux candidats, sur la base du fait que le report habituel du « peuple de gauche », allait se réaliser même partiellement. L’excellente campagne du candidat de « la France insoumise », J.L. Mélenchon, sorti glorieusement à la troisième place, avec une différence d’environ 400.000 voix de moins, pour prétendre à de la deuxième, annonçait la couleur ! Ceci étant dit, le fait de donner une consigne de vote « ambigüe », pour le tour final, en déclarant à plusieurs reprises « aucune voix pour M. Le Pen ! », il va favoriser l’abstention, d’au moins 20% de son électorat.
Le paysage politique français, sorti des urnes, se compose donc, respectivement, de quatre blocs distincts et opposés, à savoir le centre droit majoritaire, l’extrême droit, au deuxième rang, la gauche et enfin l’abstention. Comment donc, cette distribution politique va se traduire, en termes d’élections législatives, en juin prochain ? En général, les élections législatives, en France, se caractérisent par un vote sur les députés du parti du Président ou de ses « apparentés », à travers un système de vote dit « triangulaires », qui favorise les alliances locales et les décisions des états-majors des partis et qui se traduisent par la neutralisation du vote de l’extrême droite, faute d’un mode de scrutin proportionnel. Mais l’ascension inattendue du parti de « la France insoumise », à la troisième place, sans l’aide des autres partis de gauche et des écologistes, peut se traduire, aux législatives, par un vote massif, pour ce parti et lui donner une majorité parlementaire absolue ou une coalition où il serait majoritaire ! Dans ce cas de figure, une nouvelle période de cohabitation pourrait s’ouvrir (non prévue dans l’esprit de la 5ème république), puisque le Président de la république est obligé de choisir un Premier ministre, issu de la majorité parlementaire ou de dissoudre le parlement. J.L. Mélenchon a déjà annoncé la couleur, en demandant que « le peuple doit m’élire Premier ministre », scénario de « cohabitation » déjà usité par trois fois en France (1) ! A l’évidence, l’écart des présidentielles, entre E. Macron et M. Le Pen, sera décisif dans la recomposition du paysage politique français, constitué de quatre blocs sociopolitiques et les combinaisons électoralistes, entreprises par les états-majors des partis en lice, seront très certainement âpres. En effet, même arrivée en deuxième position aux présidentielles, l’extrême droite ne pourra pas transformer ce potentiel, pour obtenir un nombre significatif de députés même pas pour former un groupe parlementaire influent au parlement, du fait du mode de scrutin qui exclu la proportionnelle. La droite classique implosée, pourra compter sur les « personnalités locales » mais non sur les structures centrales de son parti, pour faire le plein de députés, sans possibilités de majorité parlementaire. La gauche éclatée, l’extrême gauche et la mouvance écologique, peuvent envisager de construire un groupe puissant voire majoritaire, s’ils se mettent d’accord sur le principe du « vote utile », ce qu’ils ont refusé de mettre en œuvre aux présidentielles. Reste le parti du Président, qui va profiter de la « dynamique des présidentielles » et des alliances glanées par la débauche de certaines personnalités, promises à des portefeuilles ministériels, pour constituer un groupe majoritaire au parlement ou une coalition majoritaire. Il semble impossible que le Président dissolve le parlement, erreur commise par J. Chirac antérieurement, qui remettrait en course l’extrême droit et surtout le parti de « la France insoumise » ! En d’autres termes, le troisième tour des élections en France va se jouer dans un « mouchoir de poche » et une analyse combinatoire est nécessaire pour le Président E. Macron, pour tirer profit du chaos politique existant dans les partis classiques, de droite comme de gauche, qui ont structuré la France depuis 1958 et la constitution de la cinquième république. En Algérie, un adage populaire dit « Khelatha Tasfa », que l’on pourrait traduire par « mélange-la, elle se purifiera » !
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