Cette brève contribution est une synthèse de mon intervention à la télévision internationale ALG24 N’EW’S vendredi 28 juillet 2023 de 19h 30 à 20h sur les enjeux sécuritaires et économiques du réchauffement climatique à l’échelle mondiale
1.-Je rappelle que j’ai présidé au nom de l’Algérie la commission transition énergétique des pays du sud du bassin méditerranéens 5+5 + Allemagne et des organisations internationales FMI Banque mondial, commission européenne en juin 2019 à Marseille et j ’ai animé une conférence sur ce un sujet qui engage la sécurité du monde, d’une brûlante actualité, d’une émission à la télévision de l’Assemblée française LCP, «ces idées qui gouvernent le monde» le 24 octobre 2022 à 22h30 avec le docteur Emile Malet président du Forum Mondial du Développement Durable Brice Lalonde, ancien ministre français de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, ex sous-secrétaire général de l’ONU, coordonnateur exécutif de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20), le professeur Hervé Le Treut, spécialiste de la simulation numérique du climat, membre de l’Académie des sciences, professeur à l’École polytechnique et à la Sorbonne, Fabienne Keller, députée européenne, diplômée de l’Université de Californie, Ecole polytechnique, Daniel Salmon, sénateur d’Ille-et-Vilaine, EELV, et récemment une contribution le 24 juillet 2023 dans la revue de la DGSN Chorta à l’occasion de son 61ème anniversaire D’ailleurs, dans le numéro 715 de février 2023, la revue de l’ANP « El -Djeich » pose une série de problèmes dans le domaine énergétique dont les énergies renouvelables la transition énergétique de l’Algérie 2023/2030,l’énergie engageant la sécurité nationale
2.-.- La lutte contre le réchauffement climatique engage la sécurité du monde où les rapports de l’ONU prévoient une sécheresse et des inondations sans pareille entre 2025/2030, notamment au Maghreb et en Afrique avec d’importants flux migratoires surtout interne au sein de cet espace et externe où la pénurie d’eau sera un enjeu sécuritaire . Fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui sera menacée, car le climat mondial est un vaste système interconnecté. Le monde connaît des perturbations climatiques extrêmes : intensification des précipitations (fortes pluies et grêle) augmentation des cyclones tropicaux violents. augmentation des périodes d’aridité et de sécheresse. recul de la glace de la mer Arctique et de la couverture neigeuse. La biodiversité est frappée et mutilée avec des morts et blessés humains et espèces animales et ces derniers temps avec des brasiers d’une violence inouïe à l’ensemble du bassin méditerranéen, en Asie et en Afrique, au Moyen-Orient et autour des contrées du Pacifique. . Depuis 1850, notre planète s’est réchauffée en moyenne de 1,1°C et selon le rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le réchauffement planétaire en cours pourrait atteindre 1,5°C à 4,4°C entre 2050/ 2100. Les experts du Giec indiquent que le réchauffement climatique devrait être contenu à +1,5°C au maximum pour éviter que notre climat ne s’emballe. Cette limitation sera hors de portée à moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2050. La lutte contre le réchauffement climatique est donc une question de sécurité mondiale car si l’Afrique, l’Asie dont la Chine et l’Inde plus de 4 milliards d’habitants sur les 8 milliards d’habitants que compte notre planète depuis janvier 2023, avaient le même modèle de consommation énergétique que l’Europe et les USA, moins d’un milliard d’habitants pour un PIB mondial dépassant les 40%, en 2022, il faudrait, selon les experts trois à quatre fois la planète terre. Le monde connaît un bouleversement inégal depuis des siècles, d’un côté pluies diluviennes, inondations de l’autre côté, sécheresse et incendies. Pour réduire les coûts, impossible à supporter par un seul Etat. Il s’agira d’accélérer la coopération internationale et la transition énergétique et revoir le modèle de consommation.
3..-Car l’impact du réchauffement climatique a sept impacts qui devraient influer sur la géostratégie mondiale avec des impacts sécuritaires et les politiques socio-économiques a sept impacts Premièrement, pour la hausse du niveau des mers, le constat est la hausse moyenne des températures qui provoque une fonte des glaces continentales (glaciers, icebergs, etc.). Le volume de glace fondue vient s’ajouter à celui de l’océan, ce qui entraîne une élévation du niveau des mers. Près de 30% de cette élévation est due à la dilatation causée par l’augmentation de la température de l’eau. Le taux moyen d’élévation du niveau marin s’accélère, était de près d’1,3 mm par an entre 1901 et 1971, d’environ d’1,9 mm par an entre 1971 et 2006, et il atteint près de 3,7 mm par an entre 2006 et 2020, le GIEC estimant que le niveau des mers pourrait augmenter de 1,1 m d’ici 2100. Comme impact, les zones côtières seront confrontées à des inondations dans les zones de faible altitude plus fréquentes et plus violentes et à l’augmentation de l’érosion du littoral. Deuxièmement, la modification des océans qui absorbent naturellement du gaz carbonique, en excès dans les océans, acidifie le milieu sous-marin, ce qui provoque la disparition de certaines espèces, notamment des végétaux et des animaux tels que les huîtres ou les coraux. En plus de son acidification, la modification des océans entraîne une baisse de sa teneur en oxygène, réchauffement et augmentation de la fréquence des vagues de chaleur, affectant les écosystèmes marins et les populations qui en dépendent. Troisièmement, l’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes provoque l’évaporation de l’eau, ce qui modifie le régime des pluies plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent dans certaines régions, et des sécheresses plus intenses et plus fréquentes dans de nombreuses autres régions. En effet, lors de pluies violentes, les sols ne peuvent pas fixer l’eau, s’écoulant alors directement vers les cours d’eau plutôt que de s’infiltrer, les nappes d’eau souterraines ne pouvant se reconstituer. Le réchauffement planétaire entraîne le dérèglement des saisons et le déplacement des masses d’air qui pourraient, à long terme, accroître le nombre d’événements climatiques extrêmes : tempêtes, ouragans, cyclones, inondations, vagues de chaleur, sécheresses, incendies. Quatrièmement, le réchauffement climatique est une menace sur les plantes et les animaux car les cycles de croissance des végétaux sauvages et cultivés sont modifiés : gelées tardives, fruits précoces, chute des feuilles tardives, etc. Beaucoup d’espèces ne supporteront pas les nouvelles conditions climatiques et l’agriculture devra s’adapter en choisissant des espèces précoces. Les comportements de nombreuses espèces animales sont perturbés et devront migrer ou s’adapter sous menace d’extinction. Cinquièmement, l’impact du réchauffement climatique bouleverse les conditions de vie humaine. Certains de ces effets sont irréversibles où selon le rapport du Giec, environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des habitats très vulnérables au changement climatique. Si le niveau des mers augmente d’1,1 m d’ici 2100, près de 100 millions de personnes seront contraintes de changer de lieu d’habitation, et certaines terres côtières ne seront plus cultivables et en plus, le changement climatique accroît les risques sanitaires : vagues de chaleur, cyclones, inondations, sécheresses, propagation facilitée de maladies. Sixièmement, les dérèglements climatiques perturbent la distribution des ressources naturelles, leur quantité et leur qualité. De plus, les rendements agricoles et des activités de pêche sont impactés. Les rendements agricoles pourraient baisser d’environ 2% tous les 10 ans tout au long du XXIe siècle, avec des fluctuations chaque année. Septièmement, les impacts sur les coûts. Ainsi, selon l’AIE globalement il y a lieu d’investir chaque année jusqu’à 4000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, en dirigeant la majorité de ces investissements vers les économies en voie développement, et vers des investissements vers les véhicules électriques, l’hydrogène, le captage / stockage du carbone et biocarburants, et sur l’efficacité énergétique en premier lieu dans le transport de l’énergie, le BTPH, l’industrie sans compter les coûts dans, la santé, l’agriculture et les loisirs avec un nouveau mode du tourisme, nécessitant la réforme du système financier mondial du fait que les obligations vertes représentent en 2021 seulement 2% de la valeur du marché obligataire mondial. Sans changement de trajectoire, les prévisions du Nges, qui s’appuient sur la simple mise en place des politiques actuelles, envisagent une perte de production équivalant à environ 5% du PIB mondial d’ici 2050, et jusqu’à 13% d’ici 2100.
4.Face à ces mutations, la transition énergétique de l’Algérie 2023/2030 est au cœur de la sécurité nationale. La récente orientation du gouvernement algérien concernant la maîtrise énergétique est une prise de conscience de la mise en place d’un nouveau modèle de consommation énergétique axé sur les énergies renouvelables devant combiner le thermique pour l’exportation et le photovoltaïque pour la consommation intérieure dont le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir. La transition énergétique est l’enjeu de l’heure. C’est dans le cadre de la transition énergétique que fin juillet 2023 la commission chargée de l’ouverture des plis de l’appel d’offres national et international lancé par le groupe « Sonelgaz » pour la réalisation du projet de production de 2000 mégawatts (MW) d’électricité solaire photovoltaïque, a approuvé 77 offres techniques sur 90, soumises par des entreprises algériennes et étrangères selon Sonelgaz. représentant environ 10% du programme global qui consiste en la réalisation de quinze (15) centrales solaires photovoltaïques, à travers douze (12) wilayas, avec une puissance unitaire qui varie entre 80 et 220 MW0, outre la réalisation d’installations de raccordement au réseau d’électricité. Il est mentionné qu’il sera procédé, en septembre 2023, à l’ouverture des plis du projet Solar 1 000 de la société SHAEMS », et au lancement du programme de 3.000 MW début novembre 2023. Le développement des énergies renouvelables devra combiner le thermique et le photovoltaïque, le coût de production mondial ayant diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir. Avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire.
En théorie, ce territoire désertique pourrait générer à lui seul plus de 169 400 térawatts-heure (1 térawattheure = 1 000 000 mégawatts), soit 5 000 fois la consommation nationale annuelle d’électricité, selon un rapport publié en septembre 2022 par la fondation allemande Friedrich-Ebert. Mais le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW, dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation, à travers des interconnexions notamment avec l’Europe d’ici . L’objectif étant de produire 40% des besoins internes en électricité à partir des énergies renouvelables alors qu’en 2022, cela représente seulement 1% . Pour cela, selon le ministère de l’énergie, l’Algérie a un besoin de financement pour réaliser cet objectif d’environ 60 milliards de dollars entre 20232035 devant encourager l’investissement privé national et international dans le cadre d’un partenariat gagnant –gagnant. Cette politique nouvelle à laquelle décidée dans plusieurs conseils des ministres entre 2021/2022, ,liée à une nouvelle politique des subventions ciblées tant pur les administrations les ménages que les entreprises, , permettrait une exportation additionnelle entre 15/20 milliards de mètres cubes gazeux donc de respecter nos engagements internationaux. Car 2022, la production d’électricité provient à 98% de l’utilisation du gaz naturel , la consommation intérieure de gaz étant estimée à plus de 44 milliards de mètres cubes gazeux, 56 milliards de mètres cubes gazeux étant l‘exportation , qui s’ajoutent à l’injection dans les puits entre 15/20% pour éviter leur épuisement donc une production totale de gaz dépassant les 110 milliards de mètres cubes gazeux. Selon les données du ministère de l’énergie , sans une politique de substitution par les énergies renouvelables au gaz naturel, la consommation intérieure dépassera 50 milliards de mètres cubes gazeux entre 2025/2026 et dépasserait les 60 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2030 Par ailleurs dans le cadre de cette transition , l’Algérie prévoit d’investir 20 à 25 milliards de dollars US dans la production d’hydrogène vert ,programme étalé jusqu’en 2035, selon le directeur général des études économiques et de la prospective au ministère algérien de l’Énergie le 23 février 2023 et la feuille de route du développement du secteur de l’hydrogène en Algérie passerait par trois phases principales à commencer par le démarrage et la formation (2023-2030), puis l’expansion et la création du marché (2030-2040), et enfin l’industrialisation et l’exportation (2040-2050).
Dr Abderrahmane MEBTOUL.
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