L’organisation de l’activité gouvernementale se décline par le nombre de portefeuilles ministériels qui sont fixés pour sa composition. Mais force est de constater que plus, il y a de portefeuilles ministériels, plus la coordination et l’intersectorialité devient problématique.
D’autant que la nouvelle constitution a introduit le poste de Premier ministre en remplacement à celui de chef du gouvernement, ce qui amoindrit ses prérogatives et sa capacité à arbitrer entre les ministres et à imposer sa décision.
Les ministres se considèrent comme relevant du président de la République et non pas du Premier ministre, ils entendent bien s’en référer à ce premier et non pas à ce dernier en cas d’arbitrage. Cette situation entraine des cafouillages et des crispations, au sein du gouvernement et dans la conduite des affaires de l’État.
Les décisions intempestives prises par le ministère du Commerce, à plusieurs reprises (ouverture des marchés Al-Rahma pour la vente des moutons et des fournitures scolaires, importations des viandes rouges et blanches, de pneus, de lubrifiants, de médicaments, d’équipements rénovés, de véhicules…), nous révèlent, une fois de plus, l’importance de l’intersectorialité gouvernementale, qui fait malheureusement défaut et qui se traduit par des décisions immédiatement suivies par des contres-décisions, prises par d’autres ministères, dont l’industrie, l’agriculture, pharmacologie…
Cette situation nous confirme, si besoin est, que le rôle de coordination de la chefferie du gouvernement est défaillant et se trouve dans l’incapacité de détecter et de résoudre les contradictions émanant des différents portefeuilles ministériels.
L’erreur originelle tient au fait d’avoir démultiplié les portefeuilles ministériels au lieu de les concentrer en grand block compact cernant un secteur de l’amont à l’aval. Nous avions proposé un ministère de l’Économie et des participations de l’État qui engloberait quatre portefeuilles (finances, commerce, industrie et une agence des participations de l’État), de même pour la construction, le logement, les travaux publics et l’équipement, ainsi que celui de l’agriculture, de l’hydraulique, des forêts et du développement rural.
Dans le secteur social, la santé, le travail, la solidarité et le soutien social, dans la territoriale, l’intérieur, les collectivités locales, l’aménagement du territoire et du développement local… Ces portefeuilles ministériels doivent être érigés, éventuellement, en ministre d’État, qui pourraient être consolidés par des secrétariats d’État, autant que de besoin, obligatoirement sous tutelle du ministre d’État. L’orchestration générale devrait être assurée par un ministère de la planification indicative, chargé de la cohérence générale des politiques publiques.
Ainsi, le Chef du gouvernement, aurait entre les mains les instruments de la cohérence intersectorielle et de la mise en œuvre des arbitrages entre les ministères. Le cas du rejet, à trois reprises, de la loi sur les investissements, à trois reprises, nous indique clairement sur l’éparpillement de la décision et les luttes internes des ministères qui se « disputent » les prérogatives des uns et des autres au détriment de la cohérence globale des politiques publiques.
À la veille d’un remaniement ministériel, après l’élection présidentielle, il est souhaitable que cette donnée essentielle soit prise en charge par le président de la République.
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