Le théâtre algérien souffre d’un manque cruel en matière de livres. Peu d’ouvrages consacrés au théâtre algérien ont, en effet, été édités jusque-là. Ce qui fait que chaque nouveau livre se rapportant à cet art constitue un véritable enrichissement. C’est le cas du livre que vient de publier le célèbre et ancien journaliste Mohammed Kali aux Éditions Chihab d’Alger. Il s’agit de l’ouvrage ayant pour titre: «L’oeil et l’oreille, des langues aux langages dans le théâtre algérien». L’ouvrage est disponible désormais, en librairie, au grand bonheur de tous les amoureux du théâtre, mais aussi des chercheurs, des étudiants, etc. qui travaillent sur ce thème et qui ont du mal à trouver la documentation nécessaire. Riche d’une expérience de plusieurs décennies, Mohammed Kali tente, dans ce livre, d’apporter des réponses à plusieurs questions dont: «Quelles langues pratique-t-on sur scène et comment l’expression théâtrale se limite-t-elle aux langues». L’éditeur du livre précise qu’avec ce dernier, Mohammed Kali fait le point sur l’évolution du théâtre algérien au miroir de la réalité changeante du pays et pose un nouveau jalon dans ses recherches sur son évolution, son esthétique et ses thématiques.
Mohammed Kali aborde dans son ouvrage la question des langues en usage en Algérie (fus’ha, darja, tamazight, français…) et de leur rapport au théâtre. Il montre qu’elles n’y sont qu’un élément du spectacle aux côtés des moyens esthétiques et techniques mis en oeuvre dans la traduction scénique d’un texte dramatique. L’auteur rappelle, dans son ouvrage, qu’à partir des années 90, le théâtre algérien a commencé à s’éloigner de ses tendances langagières et volontiers déclamatives et à se rapprocher des standards contemporains qui englobent la langue dans un dispositif créatif global.
Le livre est structuré en plusieurs chapitres dont celui se rapportant au thème du postdramatique et de la performance en épilogue à la question des langues, lorsque l’action s’impose en principal moteur de la représentation; les langues, lieux de domination et de résistance sous régime colonial ou encore les langues, enjeu de pouvoir à l’indépendance: la langue, un accessoire de jeu…
Le livre réserve aussi un chapitre au théâtre d’expression amazighe en tamazight qui, souligne l’auteur, ouvre une brèche. L’espace scénique, lieu de représentation de la parole, la darja en langue mosaïque, de l’absurde au postdramatique, la longue maturation sont d’autres questions décortiquées par Mohammed Kali. Un long passage est réservé aux nouvelles approches du théâtre de l’absurde où l’auteur analyse cet aspect en y abordant des points comme «la réécriture, une appropriation de niveau supérieur» et «l’absurde, miroir du réel». En lisant ce livre, le lecteur découvrira les premières oeuvres théâtrales en darja et en fusha et quel est le premier texte dramatique algérien et à quand remonte-t-il? Il y est également question du méconnu théâtre algérien d’expression française constitué pourtant d’un répertoire considérable. L’ouvrage de Mohammed Kali enchaine sur le théâtre de légitimation, le théâtre de la clarification et du combat, le théâtre algérien en exil, le théâtre de la clarification. Puis, Kali permet une immersion dans l’univers des géants du théâtre algérien à l’instar de Slimane Benaïssa et M’hamed Benguettaf.
Concernant le théâtre algérien d’expression française, l’auteur l’analyse sous plusieurs angles: le théâtre algérien entre francophobie et francophilie, le théâtre francophone lesté par la Francophonie, existe-t-il un public pour le théâtre francophone? Mohammed Kali y parle de la célèbre pièce théâtrale «Mohamed, prends ta valise» de Kateb Yacine qui représente un catalyseur du théâtre de l’immigration, etc. Le livre de Mohammed Kali est d’une richesse inouïe. Son contenu prouve qu’il s’agit du fruit d’un travail titanesque et de longue haleine. C’est le résultat d’un effort intellectuel de toute une vie. Une vie fusionnelle avec le théâtre.
Source: L’Expression.
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