La violence faite aux femmes en Algérie demeure un problème alarmant, avec des chiffres qui ne cessent d’augmenter chaque année. En 2022, près de 900 000 femmes ont été victimes de violences physiques. Les chiffres des féminicides, publiés dans le rapport du collectif Féminicides Algérie, sont tout aussi inquiétants : 33 femmes tuées depuis le début de l’année 2023 et 228 entre 2019 et 2022. Derrière ces statistiques se cachent des histoires dramatiques, des vies brisées, des familles dévastées.
Pourtant, malgré des lois en apparence protectrices, le silence reste lourd autour de ces violences, et les victimes, de plus en plus nombreuses, sont abandonnées à leur sort.
La loi 15-19 de 2015, qui criminalise les violences faites aux femmes, est un premier pas. Cependant, son application reste trop souvent inégale. Les femmes victimes de violence domestique se retrouvent dans des situations de grande vulnérabilité, sans protection réelle. « La loi n’est pas suffisante pour protéger les victimes, car elle repose sur des preuves matérielles souvent difficiles à obtenir », déclare Dalila Iamarene Djerbal, présidente du Réseau Wassila.
L’association, qui accompagne les femmes victimes de violences, est une des rares à offrir une écoute attentive et un soutien juridique aux victimes. Cependant, son action est limitée par le manque de financements. « Nous sommes constamment en recherche de fonds pour réaliser nos programmes de soutien, car aucune aide n’est fournie par les autorités », souligne Djerbal.
Malgré les efforts fournis par des associations comme le Réseau Wassila, le manque de ressources est un frein majeur. Ces associations, pourtant essentielles, fonctionnent grâce aux dons privés, ce qui limite leur impact. « Les campagnes de sensibilisation à la violence coûtent très cher et sont devenues impossibles sans financement. Nous n’avons pas les moyens de soutenir nos actions comme nous le souhaiterions », explique Djerbal.
Les victimes qui s’adressent au Réseau Wassila bénéficient d’un accompagnement complet : un centre d’écoute, une assistance juridique et psychologique. Cependant, le réseau peine à toucher un large public. « Nous arrivons à atteindre les femmes via nos publications et les réseaux sociaux, mais tout le monde n’a pas accès à internet », précise Djerbal. Les initiatives de sensibilisation à travers des vidéos ou des articles sont des solutions, mais elles restent limitées par les moyens.
Dalila Iamarene Djerbal met également en lumière la persistance de la culture patriarcale dans les mentalités. « Le discours social est encore trop machiste, ce qui rend difficile l’égalité entre hommes et femmes. Les pouvoirs publics pourraient faire bien plus pour sensibiliser à l’égalité à travers les médias », indique-t-elle. Elle insiste sur l’importance de la sensibilisation et de l’éducation dès le plus jeune âge.
De plus, le personnel judiciaire, selon Djerbal, est trop souvent influencé par des normes culturelles qui relèguent la victime à la responsabilité de ses violences. « Trop souvent, les victimes sont renvoyées chez leurs agresseurs, sous prétexte qu’elles sont mieux protégées à la maison. Mais comment se sentir protégée quand on vit dans la peur ? », interroge-t-elle. La violence conjugale, principalement perpétrée par les maris, est l’une des formes les plus courantes de violence envers les femmes en Algérie. Derrière chaque statistique se cache une réalité tragique : des femmes battues, humiliées, parfois tuées par celui qui est censé être leur protecteur, un phénomène qui dépasse les frontières et les cultures.
Amina (surnom), une femme de 56 ans, porte en elle les cicatrices invisibles d’une vie marquée par la violence. Elle est l’une des nombreuses victimes que le Réseau Wassila accompagne. « Je l’ai rencontré quand j’avais 54 ans, je pensais qu’il était l’homme de ma vie. Mais très vite, il a changé. Il est devenu violent, me frappait, me traitait comme une moins que rien. » Un véritable enfer pour Amina. « Je suis brisée, rejetée par ma famille, dans une profonde solitude. Les agressions que j’ai subies me hantent encore », témoigne-t-elle, les larmes aux yeux.
Un jour, il m’a droguée, a volé mes biens, et m’a menacée de mort », raconte Nadia. Aujourd’hui, elle vit dans la peur, se cachant même de sa propre fille pour échapper à ses menaces. Grâce au soutien du Réseau Wassila, elle a pu porter plainte, mais le processus judiciaire est lent et incertain.
Le cas d’Amina n’est pas unique. Beaucoup de femmes, même après avoir quitté leur agresseur, vivent dans la peur constante. Les dénonciations restent trop souvent sans conséquences immédiates.
Dalila Iamarene Djerbal est catégorique : « Le changement ne viendra pas sans une véritable volonté politique et une réforme en profondeur du système judiciaire. Les lois existent, mais il faut les appliquer et les renforcer. Il faut que les femmes puissent être protégées efficacement. « Le Réseau Wassila milite pour la suppression de la « clause du pardon », qui permet aux agresseurs de revenir sur leurs actes.
Le réseau plaide également pour une prise de conscience collective, pour qu’il soit clair que la violence conjugale n’est pas une question privée, mais un fléau social. « Il est crucial que les femmes sachent qu’elles ne sont pas seules, que des ressources existent pour les aider. Mais cela nécessite une solidarité active de la société, des médias, et des institutions », conclut Dalila Djerbal.
La violence conjugale et les féminicides demeurent un fléau mondial, avec 85 000 femmes tuées en 2023, dont 60 % par leur partenaire ou famille. Ce phénomène, profondément enraciné dans les normes sociales, touche toutes les régions du monde, notamment l’Afrique, l’Asie et l’Amérique centrale.
Face à cette situation alarmante, il est impératif de continuer à sensibiliser, à soutenir les victimes, et à exiger des autorités une réelle prise en charge du problème. Des initiatives comme celles du Réseau Wassila doivent être soutenues par des politiques publiques ambitieuses, des financements adaptés, et une réforme du système judiciaire. Les femmes victimes de violences méritent de vivre dans la dignité et la sécurité, sans avoir à se battre seules contre un système défaillant.
Le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, n’est qu’un rappel annuel des luttes quotidiennes que doivent mener des milliers de femmes en Algérie et dans le monde entier. Il est grand temps de faire entendre leurs voix, d’agir pour elles, et de briser le silence.
Contacts du Réseau Wassila
Centre d’écoute : 0560 100 105 / 0770 286 529
Instagram : @reseau.wassila
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Site : reseau-wassila-avife.com
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