Le centre de recherche en langue et culture Amazighes (C. R. L. C. A) de l’université Abderrahmane Mira de Béjaia a réussi ces jours-ci le pari d’immortaliser les œuvres du grand artiste Algérien IDIR en organisant un
colloque national scientifique intitulé » Idir , au-delà -là d’une voix , une œuvre d’art » Ils sont venus et ils étaient tous là : Artistes, chercheurs, enseignants, étudiants, invités d’honneur …
Après avoir écouté l’hymne national, l’animatrice et assistante chercheur Fadia TIDJET a retracé la biographie et le riche parcours du père de « VAVA INOUVA ».
Kamel MEDJDOUB, Président du colloque, a évoqué l’importance de ce colloque scientifique: « C’est IDIR qui nous réunit. C’est le premier colloque sur IDIR. On doit tirer le meilleur ».
MEDJDOUB revient sur les absences de marque de cette rencontre : » Le poète et parolier BENMOUHAMED a des soucis de santé. Il ne pourra pas venir. Idem pour Kamel HAMADI. La fille d’Idir s’est également excusée car elle prépare un spectacle.
Le professeur Mourad BEKTACHE de l’université de Béjaia a replongé dans les chansons d’Idir : » Les chansons d’Idir ont bercé notre enfance « .
Mustapha TIDJET, Directeur du centre de recherche en langue et culture amazighes, a rendu hommage à l’ambassadeur de la chanson Kabyle: « Idir est parmi les premiers à transporter la chanson kabyle à travers le monde. Il restera vivant pour les générations futures à travers ses œuvres eternelles ».
Le colloque a débuté par trois hommages aux artistes Boudjema AGRAW et Belaid TAGRAWLA et au militant de la cause Amazighe Mohand AIT IGHIL, ces trois piliers de la culture Berbère ont marqué plusieurs générations par leurs engagements et par leurs œuvres.
Boudjemaa AGRAW raconte les cinq années vécues avec Idir : » Quand Idir chantait, je faisais la première partie. J’ai fait l’Olympia avec lui. »
Belaid TAGRAWLA se souvient du premier passage d’Idir à la radio : « Idir ne savait pas qu’il allait devenir un chanteur célèbre. »
L’écrivain Rachid OULEBSIR nous replonge dans les années 60 : » En 1967, j’ai retrouvé Idir en classe de terminale au lycée Emir Abdelkader de Bab El-oued à Alger. Un jeune allait chanter lors de la fête du lycée, quelle surprise ! C’était Idir.
Fin août 1973, Idir nous donnait ses disques à remettre aux enseignants étrangers de la Fac centrale d’Alger. Une façon déjà de faire voyager ses chansons ».
Yacine ARAB, réalisateur, a projeté un petit film sur Idir. Le film a déjà été diffusé sur la chaine El-Djazira.
Ensuite, place aux conférences. Les chercheurs et professeurs des différentes universités ont décortiqué les œuvres d’Idir.
Docteur SADOUDI Oumelaz de l’université de Béjaia a décortiqué la première chanson d’Idir : » Idir a ouvert la porte de l’éternité.Il a chassé l’ogre qui voulait tuer la langue amazighe ».
Amrane HAMOU, enseignant à l’université de BATNA a fait une analyse anthropologique des chansons d’Idir : » VAVA INOUVA raconte la répartition
des tâches dans une maison Kabyle et la chanson » ZWIT ARWIT » fait le portrait d’un mariage Kabyle ».
Notre conférencier a invité les anthropologues à se pencher sur l’œuvre d’Idir.
MOUSSOUNI Abdelghani du CRLCA de Béjaia nous a fait revisiter les chansons d’immigration d’Idir : » Idir débarque le 08 septembre 1975 en France. Les œuvres » AVRID » (chemin), SERHIYI AD RUHAGH (laisse-moi partir), » lettre à ma fille » … Évoquent des chansons d’immigration. »
Docteur IGGUI Saliha de l’université de Béjaia traite de la femme dans l’œuvre d’Idir : » Idir a chanté la femme ancienne et moderne. Il fait passer des messages à la mère et à la fille. La chanson » SENDU « est un hommage à la femme ».
Docteur Kamel MEDJDOUB a posé une problématique : « Idir, un chanteur féministe ? »
Pour le conférencier, Idir a impulsé une forme nouvelle à la chanson Algérienne.
Docteur MEDJDOUB a analysé une quinzaine de chansons d’Idir : » Idir est une tribune d’expression pour la femme. Cette dernière est la gardienne de la culture ancestrale. La femme est en mal d’écoute dans une société à forte tradition ».
Plus loin, Docteur MEDJDOUB décortique la chanson » AWELTMA » (Ma sœur): » Dans cette chanson, Idir relate trois étapes de la vie d’une femme Kabyle : Sa naissance non désirée, son vécu comme une charge et un fardeau et son mariage forcé.
Il revient également sur la célèbre chanson SENDU : « Idir a observé sa mère faire ce geste SENDU : Baratte qui est un instrument qui fait transformer le lait en beurre. Elle chante et pleure. Il y a tout un rituel. C’est un patrimoine culturel. C’est aussi une occasion de dire certaines douleurs. La mère ne fait que se confier à son instrument faute d’interlocuteur. »
Pour revenir à la famille d’Idir, sa fille TANINA a chanté en duo avec lui, sa mère a déclamé un poème et sa femme Ferroudja a chanté dans la chanson » ADRAR INU » (ma montagne).
Cette dernière ne voulait pas que son nom figure sur la pochette de l’album.
Le professeur IMARAZANE Moussa de l’université de Tizi-Ouzou est revenu sur l’engagement d’Idir: »Après le chanteur FARID ALI, le militant IDIR AIT AMRANE, IDIR sera le troisième à utiliser le mot AMAZIGH dans ces textes. Idir, s’est également impliqué dans le combat identitaire pour tamazight au sein du M.C.B « Mouvement culturel berbère « .
Ce colloque national a pris fin par un ensemble de recommandations, on peut citer entre autres:
✓ Introduire les chansons d’Idir dans les manuels scolaires pour qu’elles soient enseignées dans les écoles à l’échelle nationale.
✓ Encourager la recherche scientifique sur les œuvres d’Idir dans toutes les universités Algériennes.
✓ Baptiser un grand établissement culturel national du nom d’Idir.
✓ Organiser un colloque international sur l’œuvre d’Idir.
Au niveau du centre de recherche en langue et culture amazigh de Béjaia, il est question de créer une médiathèque et un petit musée qui seront consacrés à l’œuvre d’Idir.
En attendant la publication des actes du colloque, disons que cette rencontre scientifique fut une réussite.
» Une belle rencontre scientifique riche et enrichissante » comme le répétait Kamel MEDJDOUB, Président du colloque.
D’ailleurs, lors de la clôture, Docteur MEDJDOUB fera un parallèle entre Idir et la préface de KATEB Yacine dans le livre » Histoire de ma vie » de Fadhma Ait MANSOUR AMROUCHE:
» Je te salue, Idir, fils de ma tribu, pour nous tu n’es pas mort ! On te lira dans les douars, on te lira dans les lycées, nous ferons tout pour qu’on te lise. »
C’est sous les airs de » SENDU » interprété magistralement par le sympathique Belaid TAGRAWLA que le colloque national a pris fin. Idir vivra pour l’éternité.
Kamel ZIREM.
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