La rencontre, qui a réuni à Niamey, Abdoulaye Diop, Karamoko Jean-Marie Traoré et Bakary Yaou Sangaré respectivement premiers responsables du Niger, du Mali et du Burkina Faso et qui s’est soldée par la signature d’une charte d’alliance d’une confédération des états du Sahel, créée le 16 septembre 2023, avec une force de défense commune, devrait interroger les autorités algériennes sur les objectifs écrits et non écrits de cette alliance.
La profondeur stratégique de l’Algérie
Avec deux frontières de plusieurs centaines de Km, avec le Niger au sud-Est et autant avec le Mali au Sud-Ouest, notre pays se voit interpellé dans sa profondeur stratégique à ses frontières, clé de voûte, de sa sécurité dans sa région d’extrême sud. Ceci d’autant que, ces trois pays traversent une période d’instabilité politique et où l’ordre constitutionnel a été remis en cause par une junte militaire qui s’est emparée du pouvoir. En outre, plusieurs puissances étrangères se sont investies dans la région chacune d’elles convoitant les importantes sources minières (or, uranium, cobalt…) qui s’y trouvent.
Les investissements structurants dans la région
La route transsaharienne (débutée en 1972) devait relier Alger à Lagos, via le Niger et une bifurcation (à 400 km de Tamanrasset) devait rejoindre Bamako (non achevée à ce jour). Un projet de pipe-line doit être réalisé, entre l’Algérie et le Nigeria, via le Niger, pour transporter les hydrocarbures du Golf de Guinée vers l’Europe latine et un investissement multilatéral de la Banque Africaine de développement (BAD) devait assurer une partie du financement. Enfin, des zones franches devaient être ouvertes pour favoriser le commerce local entre les trois pays (Algérie, Niger, Mali).
La défense, la sécurité et la diplomatie
Au niveau des dossiers de défense et de sécurité, un Conseil des états-majors des trois pays a été créé et installé à Alger et avait pour objectif la coordination des actions de lutte contre le terrorisme, le trafic d’armes, de drogue et des personnes, afin de sécuriser la région. Enfin, au niveau de la politique les « accords d’Alger » devaient mettre fin à la rébellion Azaouad dans le Nord du Mali, dans le cadre d’un « dialogue inclusif ». Tout ce dispositif devait mettre fin aux ingérences étrangères à la région et construire des relations apaisées entre les seuls pays de la région.
L’influence de la géopolitique internationale
Force est de constater que les efforts déployés par notre pays, n’ont pas été entièrement couronnés de succès et qu’une autre voie a été choisie, du fait de la géopolitique internationale et de l’implication de la Russie dans la région avec l’expulsion des forces armées françaises et américaines. Il importe donc de savoir si cette nouvelle donne va servir les intérêts biens-compris de notre pays dans la région, notamment du fait de l’excellence des relations algéro-russes. L’Algérie ne peut pas se désintéresser de ce qui se passe à ses frontières et doit user de tous ses moyens d’influence (soft-power) pour rester dans le cours de ces derniers développements et notamment si cette confédération résistera au temps.