Dans son intervention à L’APN, hier, le ministre du commerce a de nouveau dévoilé sa stratégie de lutte contre la hausse des prix. En mot, il résume cette dernière : Le contrôle et la répression ! Alors que nous ne cessons de recommander l’utilisation en premier lieu d’instruments économiques pour réguler les marchés le ministre du commerce nous propose une autre panoplie de mesures de contrôle et de sanctions administratives et de poursuites judiciaires (contrôle périodique et inopiné des chambres froides et cellule de veille). Sur le marché intérieur, la création des pénuries artificielles, par des stockages spéculatifs ou pour alimenter le marché illégal, pour assécher le marché intérieur et augmenter les prix, est un « sport national ».
Ce phénomène économique pointe du doigt l’architecture commerciale du pays (marché de gros, demi-gros et détail) et ses circuits de distribution, de transport, de stockage et de la chaîne du froid, qui sont tous défaillants, ainsi que le mode de paiement en numéraire (cash) qui domine la sphère. Dans cette configuration de notre économie, les opérateurs dégagent des profits spéculatifs colossaux et engrangent la fiscalité subséquente qu’ils ne paient pas, profitant de toutes les failles du système commercial mis en place. Dès lors, c’est le consommateur final qui est mis à contribution et les politiques publiques de protection des populations les plus vulnérables, ne produisent plus leurs effets escomptés, ce qui peut remettre en cause la paix sociale !
Face à cette situation explosive, les pouvoirs publics continuent à privilégier l’approche répressive sans mener les réformes infrastructurelles nécessaires, à la fluidité des règles universelles du marché, confiant la « patate chaude » (corruption, de spéculation, de pénurie et autres délits et crimes subséquents), au parquet antiterroriste. En effet, la population n’arrive pas à comprendre que des produits, notamment alimentaires (lait huile, pain, céréales, légumes secs, pour la plupart subventionnés, « disparaissent » des étales, de manière cyclique, puis « réapparaissent », comme par enchantement, après avoir inondé le marché informel ou après leur fuite aux frontières ! Ces pénuries engendrent des « chaînes » anarchiques et des tensions violentes entre consommateurs eux-mêmes et avec les commerçants, accusés de tous les mots, alors qu’ils sont le dernier maillon de la chaîne. Le ministère du commerce et son indéboulonnable premier responsable, est montré du doigt et fait converger, sur lui, toutes les critiques et autres invectives, tant le problème est récurrent et semble se répéter à des dates précises de grande consommation (fêtes religieuses, saisons creuses, cycles agricoles…).
Le débat parlementaire, subséquent au discours de politique générale du Premier ministre, s’est accaparé, pour une large partie de son temps, du phénomène, exigeant la protection des consommateurs, accusant à tort le gouvernement d’avoir diminué les importations ! Pire encore, les réseaux sociaux nationaux mais également étrangers, s’en donnent à cœur-joie, pour propager des images et commentaires infamants sur le sujet, ce qui altère l’image de marque du pays. Face à l’ampleur du phénomène et de ses conséquences internes et externes, le ministre du commerce a opté pour « la manière forte », c’est-à-dire la répression pénale, en lieu et place des instruments économiques et financiers, par la multiplication des contrôles et des sanctions.
C’est la quadrature du cercle ! Le phénomène de la spéculation a pris une « longueur d’avance » sur le marché formel, créant ses propres circuits et ces complicités et drainant, dans son sillage, des milliards de DA, aux détriments du consommateur final. Il faut espérer que les responsables du commerce intérieur, puissent imaginer une politique convergente, entre les instruments incontournables de régulation et ceux de la répression à la marge.
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