Édito ⎮ Climat délétère des relations algéro-françaises
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Une seule phrase dans le livre de Xavier Driencourt intitulé « L’énigme algérienne » est digne d’intérêt, c’est lorsqu’il écrit notamment que « les relations algéro-françaises relèvent à la fois de la politique intérieure et extérieure de la France… Il ne saurait si bien dire !
En effet, faute de débattre de la situation intérieure explosive de la France, dans tous les domaines, certains politiciens français, notamment ceux d’extrême droite, n’ont rien trouvé d’autre que de s’en prendre à l’Algérie, en alimentant un débat nauséabond, plein de mensonges flagrants, de fausses statistiques et de contrevérités historiques, le tout mêlé dans un cocktail détonnant d’injures, d’insultes et de menaces à peine voilées sur notre communauté résidente sur le sol français et sur les binationaux qu’ils qualifient de « français de papier » !
Le président E. Macron, en grande fragilité politique intérieure, semble pactiser avec l’extrême droite qu’il a lui-même renforcée après la dissolution du Parlement.
À la question de savoir comment les relations entre nos deux pays ont évolué, tous les analystes sérieux ne pourront que souligner qu’elles ont suivi un mouvement en « dents de scie » depuis l’indépendance, avec des moments forts de coopération, de concertation, de développement, voire d’amitié ainsi que des épisodes de crispation, d’incompréhension, voire de confrontation.
À la question de savoir si cette période est la pire, comme certains n’hésitent pas à le déclarer, la réponse est non, comparativement à celle de 1971, lorsque le feu président Houari Boumediene avait annoncé la nationalisation des hydrocarbures et donc des intérêts de la compagnie française (Repal), période durant laquelle l’état-major militaire français avait envisagé d’envoyer des troupes aéroportées sur les gisements de Hassi R’mel (gaz) et Hassi Messaoud (pétrole).
Quels sont, dans la crise actuelle, les éléments du fond du dossier ? Un « influenceur » qui a fait un aller-retour entre Paris et Alger (la justice française vient de rejeter la démarche du ministre de l’Intérieur) et quatre autres auxquelles les autorités françaises reprochent de lancer des appels au meurtre contre des opposants algériens résidents en France !
Cerise sur le gâteau, on reproche à notre pays d’avoir incarcéré, un Algérien, fraîchement naturalisé Français par le président E. Macron (depuis quelques mois), pour avoir remis en cause l’intégrité du territoire national, en déclarant sur des médias français (Bolloré, Cma Cgm…) que « l’Ouest algérien appartenait au… Maroc, ce que le Maroc lui-même n’a jamais revendiqué !
Ce déni d’histoire colossal et mensonger est une énième provocation contre son pays, qu’il doit assumer, sachant que le problème frontalier avec le Maroc a été définitivement réglé par deux accords d’État (Tlemcen et Ifrane) entre les deux pays, hormis l’aventure de la guerre des sables de 1963, engagé par le feu roi Hassan II.
En ordre de bataille, les partis politiques français attaquent et contre-attaquent.
L’Algérie devient donc le bouc émissaire et donne du grain à moudre à la classe politique française en panne de solution pour ses multiples problèmes intérieurs. Des dossiers datant de la signature des accords d’Évian, ceux des accords de 1968, par trois fois renégociés, le problème franco-français des Harkis, celui des pieds-noirs qui disparaissent avec le temps, les fausses statistiques des résidents légaux algériens et ceux des binationaux, de l’aide financière française à l’Algérie, des « soins gratuits » accordés aux Algériens, du nombre de visas délivrés, des aspects positifs de la colonisation, de la décontamination des sites des essais nucléaires, de l’écriture de l’histoire… tout est bon à prendre, pourvu que ce mélange toxique nuise à l’Algérie et aux relations algéro-françaises ! On n’hésite plus à mesurer les relations algéro-françaises à l’aune de celles maroco-françaises, l’exemple à suivre.
Combien de fois faut-il rappeler que l’Algérie a subi une colonisation de peuplement de 132 ans, qu’elle avait le statut de trois départements français et des confins sahariens, qu’elle a conquis son indépendance grâce à une guerre de libération nationale de plusieurs centaines de milliers de morts, unique dans le monde arabe, ce qui n’a rien à voir avec un statut de protectorat.
Normalisation des relations algéro-françaises
Compte tenu de ce qui précède, il est impossible que les relations entre nos deux pays soient normalisées, (re)fondées, revisitées, consolidées, apaisées, car elles sont beaucoup trop passionnelles et passionnées, des deux côtés.
Elles se sont davantage complexifiées et enrichies avec la présence sur le sol français d’une communauté émigrée intégrée et de binationaux qui concourt au développement de la France et qui lui apporte les médecins, les ingénieurs, les techniciens et autres travailleurs spécialisés, qui lui manquent cruellement, pour la plupart formés et financés aux frais de l’Algérie et à ses dépens.
Cette réalité ne peut être cachée, édulcorée ou minimisée, c’est une évidence avec laquelle nous devons travailler ensemble, y compris dans le volet culturel, puisque la grande majorité des talents littéraires maghrébins d’expression française sont d’origine algérienne. C’est donc sur ce chemin étroit que nous devons avancer pour construire des relations inédites entre nos deux pays, tournées, certes, vers le futur, mais sans jamais oublier le passé.
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