Les statistiques au service de la géopolitique.

Le dernier vote de l’assemblée générale de l’ONU est sans appel en matière statistique, puisque quelque 141 pays sur les 193 pays membres, ont voté pour la résolution non contraignante, exigeant « le retrait immédiat de l’armée russe d’Ukraine ». Cette analyse, purement mathématique et statistique, cache mal une réalité qualitative géopolitique, qui nous montre que 7 pays (la Biélorussie, la Corée du Nord, la Russie, la Syrie, le Mali, le Nicaragua, et l’Erythrée) ont voté contre mais surtout que 32 pays se sont abstenus, comme la Chine et l’Inde notamment ! Le texte appelle également à une « cessation des hostilités » et souligne la nécessité, de parvenir dans les meilleurs délais, à une paix globale juste et durable, en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations Unies.

Dès, la divulgation des résultats du vote, les qualificatifs occidentales vont fusés dans tous leurs médias, comme celui de « majorité écrasante », de « large majorité », de « débâcle russe », de « victoire fulgurante » du camp du « bien » et de défaite de celui du « mal » … bref, un déluge de propagande pour occulter le poids de l’abstention. Si le principe du vote onusien est basé sur un pays une voix et verrouillé par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Les USA, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni), il est évident que le poids relatif de chaque pays n’est pas comparable en termes de géopolitique, ni diplomatique et encore moins économique et financier ! Ceci d’autant que le communiqué appelle à une « paix globale juste et durable en Ukraine et exhortant à un retour à la paix et à la désescalade ».

Si les mots ont un sens, l’appel d’un nombre important d’états- membres et pas des moindres, « au dialogue et à la diplomatie en vue d’un règlement négocié du conflit » signifie bien que les tords sont partagés et qu’il n’y a pas d’un côté « l’empire du mal et de l’autre celui du bien » ! La proposition d’un règlement de paix en 12 points de la Chine, qui a été prise « froidement » par le camp occidental, risque de faire son chemin dans le camp de l’abstention qui refuse toute solution manichéenne. D’autant que la Chine considère que l’envoi d’armes de plus en plus sophistiquées à l’Ukraine ne fait que « verser de l’huile sur le feu » et prolonge le conflit au lieu de le neutraliser. C’est donc dans une myopie généralisée que les membres de l’ONU se dirigent, argumentant leur position de principe, sur les statistiques d’un vote et oubliant totalement le poids relatif des États membres.