Dr Mourad GOUMIRI.
Il y a des crises qui explosent ou qui disparaissent, du fait qu’aucun des belligérants ne veut ni ne peut perdre la face ! Kiev, première capitale de la Russie éternelle, et Moscou, incarnation de la nouvelle Russie, sont-ils aujourd’hui dans cette problématique ? Certes, le problème est complexe, puisque directement lié à la défense et à la sécurité dans le monde. L’OTAN, créée durant la guerre froide, entièrement sous contrôle des USA mais qui intègre des unités militaires européennes, sous son commandement, ne cesse d’élargir ses prérogatives et son champ d’intervention, en fonction des intérêts stratégiques des USA. L’ex-URSS, qui a « accouché aux forceps » de la Russie, ne peut pas accepter que les accords de Yalta puis de Malta, ne soient réécrits sans que ses « intérêts biens-compris » ne soient pris en compte et surtout garantis. Le point de fracture, entre ces deux positions diamétralement opposées, surgit lorsque que l’Ukraine, née de la dislocation de l’ex-URSS, demande à devenir un membre, à part entière, de l’OTAN, ce qui signifie que cette dernière organisation militaire va se retrouver à la frontière russe, avec toutes ces conséquences sur les problèmes de défense et de sécurité, dans cette partie du monde, en termes d’équilibre des forces en présence. La Russie de V. Poutine, en pleine reconstruction de ses profondeurs stratégiques dans le monde, ne peut accepter d’être traitée comme « une puissance secondaire » dans sa région occidentale, il y va de sa crédibilité dans le concert des nations ! D’un autre côté, les USA, en pleine déconvenue économique, par rapport à la Chine, notamment, refusent de lui accorder ce rôle et surtout que la Russie reconstruise son nouvel empire, une espèce de « néo URSS ». Dans ce « bras de fer » entre puissances nucléaires majeures, personne ne veut ni ne peut perdre la face pour des raisons domestiques et internationales. Dès lors, chacun va commencer par « montrer ses muscles », en déployant des puissants moyens militaires et en multipliant les manœuvres et les démonstrations de forces, en même temps, de prôner la voie diplomatique. La dernière déclaration de l’ambassadeur ukrainien en Pologne, considérant comme possible « le retrait de la demande de son pays d’intégrer l’OTAN » suffira-t-elle à désamorcer la crise ? La Russie se suffira-t-elle d’une telle déclaration ? Cette proposition mérite d’être étudiée avec attention, avant la guerre, dont l’issue est toujours improbable.
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